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Le travail professionnel des femmes : questions et problèmes

La question du travail professionnel des femmes commence cependant, bien que fort rarement et épisodiquement, à se poser dans les journaux.

Voici la question posée directement par un ancien instituteur dans la Gazette du Valais du 13 octobre 1871 : « Quel est l’avenir réservé à une fille quittant nos écoles primaires, si elle n’appartient pas à la classe aisée ? Nous aimerions bien qu’on nous réponde catégoriquement à cette question. Quelle est la carrière ouverte à un fils de famille pauvre ? L’enfant qui montrerait de l’aptitude pour l’art mécanique, quelle perspective lui donne-t-on ? On semble être jaloux lorsqu’un étranger introduit une industrie dans notre, pays, on envie sa fortune. D’où provient que l’étranger sait tirer parti de nos eaux et de nos terres ? C’est parce qu’il est plus instruit ; c’est parce qu’il est plus initiateur, plus persévérant, plus travailleur ! »

Le Confédéré du 6 août 1876 publie un article de Louis Clo intitulé l’Avenir des jeunes filles en Valais. Il résume bien la situation professionnelle générale des femmes :

 

 

 

 

 

 

« Quel est l’avenir des jeunes filles en Valais ?

Voilà une question qui préoccupe bien des pères de famille et des administrations désireuses du bien-être social.

Passons d’abord en revue les carrières qui s’ouvrent aux jeunes filles. : couture, lingerie, modes, commerce, enseignement, administration télégraphique ou postale. Il s’agit d’offrir aux jeunes filles un état, pour qu’elles puissent se suffire à elles-mêmes et gagner honorablement leur vie. Les jeunes filles de la campagne s’en tirent assez facilement. Elles peuvent rester au village ou se placer chez une bonne famille de la capitale, en service ; si elles font autrement et qu’elles préfèrent aller à l’étranger, c’est parce qu’elles considèrent à tort que le service chez soi est humiliant. Selon nous il n’y a point de sot métier, mais bien de sottes gens. Il faudrait chercher à ramener la génération nouvelle à d’autres idées plus rationnelles. La profession d’institutrice est certainement belle, mais elle ne suffit pas à l’existence, vu les modiques traitements alloués jusqu’à ce jour. L’admission dans les bureaux de poste et de télégraphe est souvent rendue difficile par l’insuffisance des connaissances acquises dans les écoles communales. Il y aurait lieu peut-être, pour empêcher l’émigration de nos jeunes filles, d’ajouter d’autres industries à celles existantes, comme celles de tricots, broderie, sculpture sur bois, fabrication de chapeaux de paille, même l’éducation e vers à soie. Mais il y a selon moi une autre profession encore qui conviendrait aux jeunes filles, c’est l’imprimerie, car la partie du compositeur convient beaucoup aux femmes. La carrière commerciale serait aussi une carrière lucrative pour une femme, mais pour mettre à même une jeune fille de se rendre utiles au commerce, il est indispensable qu’elle ait des notions approfondies sur la comptabilité, or, c’est  précisément ce qui fait défaut chez nous.  La carrière médicale est aussi ouverte aux jeunes files, mais si l’on ne veut pas s’étendre à ce point, il faudrait au moins qu’on fasse faire des études sérieuses aux personnes qui veulent se faire sage-femme ou garde-malade. »