Les lessives
Les
fastidieuses lessives devaient s’accompagner de toutes sortes de fatigues
(pas d’eau courante) et de maux, sans compter les soucis : la presse n’est
pas avare d’exemples d’enfants ébouillantés ou d’enfants accidentés parce
que laissé à la maison sans surveillance pendant que la mère était allée
laver son linge à la fontaine.
Au début
de juillet 1878, les lecteurs du Confédéré et de la Nouvelle
Gazette du Valais peuvent lire que le préjugé de la propreté fait
partie, dirait-on, « dans certaines localités, des
bases de l’ordre public. L’amour de la malpropreté ne sera pas déraciné de
sitôt : d’abord, il économise beaucoup de travail et de sujétion, ensuite il
protège le corps contre les intempéries par le vernis dont il les enduit, et
les vêtements qui ne connaissent pas l’eau durent évidemment plus longtemps.
Je crois, pour mon compte, (dit l’auteur), qu’il faudrait faire précéder la
création de cordons bleus dans nos écoles normales et primaires, par une
vigoureuse réforme dirigée contre l’hostilité dont la propreté est l’objet.
Les maris ne resteront point insensibles aux joies journalières que leur
procurera un intérieur propre au lieu de taudis où n’entrent ni eau, ni
aire, ni lumière, ni balais en leur absence.»
On
trouve dans les journaux quelques conseils et trucs pour l’entretien du
linge, comme ce « mode économique de blanchissage » proposé par la
Nouvelle Gazette du Valais du 28 mars 1877 : « L’auxiliaire favori de
la lavandière, mais l’ennemi déclaré du linge, c’est le sel de soude. Mais
le sel de soude, qui jouit d’un haut pouvoir détersif, a le défaut de ronger
et de détruire le linge quand on n’a pas la précaution d‘en enlever jusqu’au
dernières traces. Même, malgré ce soin, le linge finit bien vite par se
déchirer au moindre effort, surtout celui qui a été confié à des
blanchisseuses. »
Une
nouvelle méthode de lessivage, généralisée en Allemagne, commence à se
répandre. Voici en quoi elle consiste : un kilogramme de savon est délayé
dans 25 litres d’eau aussi chaude que peut le supporter la main. On y ajoute
ensuite une cuillerée d’essence de térébenthine et trois cuillerées
d’ammoniaque liquide. On brasse le mélange à l’aide d’un petit balai, et on
y trempe ensuite le linge pendant deux à trois heures, en ayant soin de
couvrir le baquet aussi hermétiquement que possible . Le linge est ensuite
lavé à l’ordinaire, puis rincé à l’eau tiède et enfin passé au bleu
s’il y a lieu. La lessive peut servir une seconde fois ; seulement il faut
la faire réchauffer et y ajouter de nouveau une demi-cuillerée d’essence de
térébenthine et une d’ammoniaque.
Le souci
de la blancheur du linge semble avoir préoccupé nos lavandières : en 1873,
le Villageois fait remarquer à ses « aimables abonnées » qu’on a « observé
que le linge blanchit mieux et plus vite lorsqu’il est exposé au clair de
lune.»
|
« Pour
enlever les taches de vin rouge du linge de table et autre, (conseille
la nouvelle Gazette du Valais du 8 juillet 1877),
il suffit, au moment où on va le laver, de frotter la partie
tachée avec une chandelle de suif. Les taches disparaissent alors
complètement au lavage. Pour les tissus qui doivent passer à la lessive,
l’opération doit se faire avant le coulage.»
En mars
1880, le Confédéré et l’Ami du peuple publient le même
conseil : « Pour enlever les taches de graisse sur
le drap, mouillez la partie tachée, puis prenez un morceau de magnésie,
mouillez-le aussi et frottez-en vigoureusement la tache. Laissez ensuite
sécher, ôtez la poudre qui est restée adhérente au drap : toute trace de
tache a alors disparue.»
Le
repassage
Quant au
repassage, pouvait-il être un plaisir avec les lourds « polissoirs » à
charbon, comme celui de 21 cm « en fine polissure et à fermeture nouvelle »
qui est pourtant muni d’un « étrier de fer très pratique ».
Le fer à
repasser est utilisé dans une recette pour marquer le linge :
« Vous prenez un blanc d’œuf que vous battez avec un volume
égal d’eau, après avoir passé le tout à travers un linge bien fin, vous y
ajoutez et mélangez du vermillon ou du cinabre finalement pulvérisé. On fait
usage de cette encre au moyen d’une plume ordinaire et aussitôt les
caractères faits, on passe sur eux un fer bien chaud qui coagule l’albumine
sur le linge et fixe d’une manière durable le vermillon dans le tissu sans
que le savon, les acides et les alcalis puissent l’en détacher ».
L’entretien d’autres objets du ménage
Les
journaux donnent aux ménagère quelques conseils qui révèlent la simplicité
des moyens mis à la disposition des Valaisannes des années 1870.
Par
exemple, on apprend que, pour nettoyer les objets en argent, il suffit de
les laisser tremper dix minutes dans l’eau chaude qui a servi à faire cuire
les pommes de terre, puis de les frotter avec un morceau de laine.
« Si on laisse aigrir ladite eau, celle-ci acquiert de nouvelles qualités,
car les carafes et les objets en acier se nettoient dans ce cas aussi bien
que l’argenterie »
Pour
nettoyer un cadre doré, il faut humecter légèrement d’esprit-de-vin une
éponge douce, la passer sur le cadre, laisser sécher par évaporation, ne
jamais se servir de linge et éviter de frotter, ce qui enlèverait la dorure.
|