Dès
la fin de 1773, Pestalozzi, amer et fatigué, se trouve au Neuhof avec sa
femme et son fils. Désoeuvré, il accueille alors des enfants, garçons et
filles, qui mendient le long des chemins d’Argovie. Il les habille, les
nourrit, les associe à tous les travaux, ceux du jardin, des champs, de la
maison. Il leur apprend à filer et à tisser. Dans leurs moments libres ou
tout en travaillant, ces enfants acquièrent un bagage intellectuel de base:
compter, lire et écrire, qui leur permettra de sortir de leur pauvreté. |
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Chaque enfant est observé, respecté, encouragé dans ses qualités, son
caractère aimable, son ouverture d’esprit, sa bonne santé, ses forces
physiques retrouvées, ses aptitudes pour le calcul, ses dons pour le dessin,
ses dispositions pour le chant, ses progrès dans le tissage, les bons soins
qu’il apporte au ménage… Par exemple : « Friedly Mynth, de Bussy dans le
bailliage d’Aubonne, domicilié à Worblauffen, très faible, incapable de tout
travail fatigant, très doué pour le dessin, créature particulièrement
remarquable, un vrai tempérament d’artiste, un peu espiègle, il ne fait que
dessiner, arrivé il y a un an et demi ; dix ans. » |