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Introduction
Le rôle de la femme dans la société agropastorale alpine ne prévoyait pas
spécialement de métiers féminins, à l’exception de celui de sage-femme. La
femme, dans les Alpes occidentales n’était pas plus brimée que dans les
sociétés paysannes environnantes de la plaine, bien au contraire, mais la
division du travail entre homme et femme et son rôle de mère épouse ont fait
en sorte qu’en dehors des travaux ménagers qui lui incombaient, elle ne
fournissait qu’un travail des supports aux activités de l’homme, ce qui ne
signifie pas qu’elle travaillait moins que lui !
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Le métier d’ouvrière, qui recouvre les activités les
plus disparates, caractérisées par un travail exécuté pour un patron qui
paie le service, ne s’affirmera qu’après la première guerre mondiale avec
l’ouverture dans les Alpes de nombreuses industries. La société
traditionnelle connaissait déjà ce type de rapport de travail dépendant,
mais il était limité aux prestations de gouvernante ou de bonne à tout
faire : une femme s’ajoutait à la maîtresse de maison, ou la remplaçait
quand elle n’existait pas, pour assurer le ménage et l’organisation de la
maison. Comme les hommes, les femmes pouvaient aussi aller travailler à la
journée, mais il s’agissait de travaux agricoles et, surtout, d’une durée
limitée. |
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Le métier d’institutrice, par contre, n’existait pas
dans la tradition. Bien sûr, dans les écoles de hameau les femmes avaient
déjà découpé leur petit espace, pour l’enseignement des travaux dits
féminins d’abord, puis, dans les classes féminines, mais l’enseignement
demeurait une tâche essentiellement masculine. La généralisation de
l’enseignement, les nouvelles perspectives d’occupation pour les hommes et
le changement des mentalités ont facilité le chemin, bien que cela n’ait pas
été facile. Mais l’enseignement était perçu comme l’extension du rôle
d’éducatrice que la femme avait au foyer, plutôt qu’un nouveau métier. La
création d’écoles pour enseignant ouvertes aux filles a officialisé
l’opportunité nouvelle pour les femmes. Ainsi, les filles de la bourgeoisie
d’abord, mais très tôt les filles de paysans aussi, se sont aventurées dans
une nouvelle carrière qui les verra très rapidement s’affirmer au point que
pendant tout le 20ème siècle, l’enseignement, dans les écoles
maternelles et primaires surtout, sera perçu comme une profession éminemment
féminine. |
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Le métier de fromagère n’existait pas
traditionnellement mais toutes les femmes savaient transformer le lait en
fromage. Dans les grands alpages, avec beaucoup de bétail, c’était l’homme
qui s’en chargeait ; mais quand il s’agissait d’une exploitation familiale,
avec une dizaine de vaches, ou tard en automne, quand les vaches n’avaient
pas encore vêlé et que la production de lait était faible, souvent c’était
la femme qui s’en occupait. Ainsi l’homme pouvait se dédier à d’autres
occupations. Il en était de même pour la vigneronne : le travail de la
vigne, travail noble, était foncièrement masculin. Mais certaines tâches
incombaient aussi aux femmes. La récolte des sarments, la fumure, la
vendange, même le traitement anti-parasitaire pouvaient être assurés par la
femme ; seuls la taille et le travail de la cave étaient exclusivement
masculins, à condition qu’il y ait des hommes en famille, bien entendu.
Sinon, c’était la femme qui faisait tout. Dans cette répartition du travail,
il y avait sans doute une discrimination, supportée parfois par des
croyances. On disait, par exemple, que la présence de la femme dans la cave
pendant ses menstruations aurait nuit au vin…. |
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