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L’habillement

L’appartenance à telle ou telle classe sociale, dans le Valais des années 1870, est signée, dans une certaine mesure, par le vêtement. Le costume traditionnel est porté par la paysanne, tandis que la « mode nouvelle » est l’apanage des demoiselles et des dames de la ville.

 

La confection des vêtements

En été 1885, Albert Bovet parcourt le fond du val d’Hérens où il voit les femmes filer la laine et le lin et tisser à la main. « Il n’y a pas de tailleur dans ces localités, ce sont encore les ménagères qui taillent et cousent les habits ».

L’on voit cependant se dessiner un mouvement vers l’abandon progressif de la confection personnelle à domicile au profit de la confection ou de l’achat des habits à l’extérieur.

Autrefois, commente l’Ami du peuple en mars 1880, nos pères « travaillaient, mais ils économisaient et ils vivaient sobrement. Ils se nourrissaient, s’habillaient et même presque exclusivement du produit de leur ferme et de leurs troupeaux. On les voyait tirer du chanvre et de la laine qu’ils filaient et tissaient eux-mêmes la toile et un drap solide et chaud. Ils dépensaient le moins possible. Voilà ce que nous voyons encore dans nos vallées où les mœurs antiques sont conservées. De nos jours, dans les plaines surtout, on a peu à peu abandonné, du moins sur plusieurs points, ces usages conservateurs et économiques ; on s’adresse au marché, c’est plus commode. »

Les statistiques fédérales montrent un net accroissement du nombre des travailleuses engagées dans le secteur de la confection : 319 tailleuses et couturières en 1870 et 675 (dont 267 dans la lingerie) en 1880. Le secteur filage, moulinage et tissage passe de 84 à 237 travailleuses.

 

 

Les machines à coudre et à tricoter

La ménagère a le choix entre diverses marques : Vilcox, Gibbs, Singer, Vehler et Vilson (machines à main, à pied ou « à fil poissé »). Alors qu’en 1873 une institutrice brevetée est censée toucher un salaire minimum de 45 fr. par mois d’école, il faut payer entre 50 et 560 fr. la machine à coudre.

Les machines à coudre Singer, garanties sur facture, « sont livrées personnellement et l’apprentissage est donné gratuitement à domicile ». On en trouve à partir de 115 fr. (paiement au comptant avec remise de 10% ou versements mensuels de 10 fr. ou hebdomadaires de 3 fr.)

La seule appréciation sur l’utilisation des machines à coudre n’est guère à l’avantage de nos ménagères. Le 15 mai 1877, X. signe dans la Nouvelle Gazette du Valais un article sur le manque de bons instruments aratoires en Valais et il écrit : « Une bonne machine confiée à des mains novices cause plus de pertes que de profits. On peut en juger à première vue, rien que par les machines à coudre assez connues chez nous, mais le plus souvent détraquées et mises hors de service faute de connaissances spéciales et de soins appropriés de la part des personnes qui en font usage.»

Le tricot à la main semble une occupation si banale qu’on le pratique souvent en même temps que d’autres activités : garde du bétail ou déplacements.

Il n’est pas possible de préciser le succès des machins à tricoter, dont le prix est encore plus élevé que celui des machines à coudre (de 275 à 525 fr.).